Bernard1

Prénom et nom:

Bernard le Maire

Âge:

57 ans

Surdité et moyens de communication :

Bernard est sourd profond. Il utilise la langue des signes et le français (avec les personnes habituées à sa diction et avec lesquelles il est habitué à lire sur les lèvres). Sinon il communique par écrit.

Fonction:

Prépensionné depuis le 1er mars 2014. Anciennement Programmeur-Analyste chez Electrabel (actuellement ENGIE). Actuellement secrétaire général de la Fédération Francophone des Sourds de Belgique (FFSB) ; responsable du Centre Robert Dresse, du Musée de l’Histoire des sourds et du centre de documentation pour les sourds affilié à l’asbl SUR’Cité de Liège ; conférencier au niveau national et international ; membre du Conseil d’Administration du Deaf History International.

Parcours scolaire:

J’ai fait mes études primaires en intégration à l’école Sainte-Véronique à Liège. Je n’avais pas d’interprète en langue des signes pour m’accompagner. J’ai suivi les cours en copiant sur mon voisin le matin et en révisant l’après-midi avec ma mère.
J’ai fait mes humanités au collège Saint-Barthélemy à Liège, toujours en intégration et toujours en copiant sur mon voisin.
Avant mon entrée à l’université, j’ai passé huit mois dans un collège près de Londres pour perfectionner mon anglais.

Pour mes études supérieures, j’ai choisi de partir étudier aux Etats-Unis, plus précisément à « Gallaudet University » à Washington. Pourquoi ce choix ? Simplement parce que j’ai été refusé dans toutes les universités belges, qui, en 1976, avaient peur d’accueillir en leur sein des personnes sourdes. A « Gallaudet University », j’ai effectué un Bachelier en mathématiques et éducation, ainsi qu’un régendat en mathématiques par équivalence en Belgique.

Parcours professionnel:

De septembre 1984 à juin 1986, j’ai enseigné les mathématiques à l’Institut Royal pour Sourds et Aveugles (IRSA).
Ensuite, j’ai effectué un an de formation IBM, et en 1987 j’ai travaillé deux mois au Luxembourg comme Programmeur.
De novembre 1987 au 1er mars 2014, j’ai travaillé comme Programmeur-Analyste Cobol au service facturation chez ENGIE (anciennement Electrabel).

Difficultés rencontrées:

Durant les études:

En secondaire, ma vie sociale était assez pauvre. Le français était dur pour moi. Mais ma mère m’a toujours aidé. Maintenant, mon niveau de français est bon.

Sur le marché de l’emploi:

Au niveau du travail, pour les sourds c’est souvent quasiment impossible de monter en hiérarchie, ce qui n’est pas normal. Moi, par exemple, je n’ai jamais pu monter en hiérarchie et je dois mon emploi chez Electrabel à mon oncle, qui m’a aidé à décrocher le travail. Pour les sourds, ce n’est pas facile de trouver du travail.

Pour suivre des formations supplémentaires, c’est aussi difficile car il faut obtenir des interprètes en langue des signes. Ceux-ci sont rares en Belgique francophone. Je n’ai pas pu suivre une formation en communication à cause de cela.
Une fois, j’ai réussi à obtenir de l’aide d’un interprète pour une formation de trois jours sur Excel. Cependant, on ne m’a finalement pas donné le poste qui y correspondait. J’étais très déçu.

Chez Electrabel, on m’a laissé me tourner les pouces pendant de nombreuses années ! Au début, je me suis battu pour avoir un interprète pendant les réunions hebdomadaires. Mais, dans un premier temps, cela m’a toujours été refusé. Et puis, un jour à force d’insistance, ça a marché ! On m’a quand même laissé sans travail dans l’entreprise pendant 8 ans ! (période de 2000 à 2008). J’ai tout de même exigé qu’on me fournisse au moins 20% de travail, pour ne pas être mis à la porte. Mais dans l’ensemble, ça va, je pense avoir été moyennement productif chez Electrabel/ENGIE.

Conseils aux jeunes sourds:

  • Il ne faut jamais laisser tomber !
  • Il ne faut jamais non plus se laisser faire quand il y a une discrimination, il faut toujours rester debout. Son expérience est qu’on respecte davantage ceux qui savent répondre dignement à ces discriminations.
  • Il faut beaucoup s’informer sur le monde du travail.
  • Il faut savoir reconnaitre ses erreurs.
  • Dans le cas d’une discrimination, il faut demander conseil au Centre pour l’Egalité des Chances. Il ne faut surtout pas hésiter à l’utiliser en cas de nécessité.
  • Il faut suivre le plus de formations possibles pour ne pas être en retard par rapport aux autres. Dans le monde du travail, il y a toujours de la compétition, c’est très compétitif. Il faut garder une bonne place dans la compétition. Ne pas se laisser distancer.
  • Enfin, il faut avoir une bonne communication avec les autres, bien s’entendre avec tout le monde.

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