Eleonore Caboot

Prénom et nom:

Eléonore Caboot

Âge:

30 ans

Surdité :

Eléonore est sourde bilatérale profonde.

Fonction:

Formatrice de français bilingue (français écrit et signé pour un public sourd dont la majorité est étrangère) à Alpha-Signes ASBL.

Parcours scolaire:

J’ai fait la fin de mes études secondaires à l’Institut des Sacrés-Cœurs de Waterloo.
Au niveau des études supérieures, j’ai étudié la communication à l’ECS-EFAP (European Communication School). Ensuite, j’ai également étudié le Français/Français langue étrangère (FLE) à la Haute-Ecole Paul-Henri Spaak de Nivelles.

Parcours professionnel:

J’ai commencé à travailler en 2014.
Avant d’être engagée, j’ai effectué tout un tas de stages d’une durée de deux à trois mois par stage et ce deux fois par an. J’ai également participé à des expériences formidables comme un stage à l’école des sourds au Benin ou encore un chantier humanitaire en Inde.

Difficultés rencontrées:

Durant les études :

J’ai rencontré beaucoup de difficultés durant mon parcours estudiantin : j’ai vécu une pléthore d’injustices, de discriminations mais aussi un acharnement psychologique indescriptible de la part du corps professoral et de la direction des différentes écoles dans lesquelles j’ai étudié (sauf durant mes études au Sacrés-Cœurs de Waterloo et à l’ECS, chez eux tout s’est merveilleusement bien passé). A un certain point j’ai presque frôlé le burn-out lors de mes études de français tellement je n’en pouvais plus de cet acharnement cruel.

Je suis révoltée par la pénurie d’interprète ! J’ai effectué l’entièreté de mon cursus de Communication avec l’aide d’interprètes. Ensuite, quand j’ai recommencé des études pour devenir enseignante, là, on m’a abandonnée… Et de nombreuses personnes sourdes se voient contraintes d’arrêter leurs études à cause de ce manque d’interprète car elles sont alors dans l’impossibilité de suivre les cours !

A part ça, il reste beaucoup de choses à mettre en place afin de pouvoir faciliter l’accès aux études (et donc au marché de l’emploi sur le long terme) pour les personnes sourdes. Par exemple, les professeurs ne sont pas toujours très coopératifs ou compréhensifs, les cours ne sont pas aménagés, la personne sourde se voit répéter inlassablement que ce n’est pas « juste » pour les entendants quand on adapte un cours à une personne sourde !
J’ai pas mal d’autres exemples de difficultés rencontrées : ne pas recevoir en temps et en heure les notes de cours à étudier pour l’examen, qu’on me fasse suivre une dictée au même rythme que les autres élèves de la classe et ce sans aucune interprète, qu’on m’oblige à prendre part à la section Religion au lieu de la section FLE (Français Langue Etrangère) car selon la direction de la Haute-Ecole Paul-Henri Spaak le cours de FLE n’était, selon eux, pas adapté pour les personnes sourde etc. J’ai finalement réussi à intégrer la section FLE après un long combat.
Toujours à la Haute-Ecole Paul-Henri Spaak, je me suis également vue refuser, dans un premier temps, l’accès à mon stage au Bénin. Après des mois de discussions, j’ai enfin reçu le feu vert car c’était en lien avec le sujet de mon TFE. En arrivant sur place, j’ai découvert que la direction de l’école avait envoyé trois autres stagiaires à mon insu sur le projet pédagogique qui me tenait tant à cœur…

Sur le marché de l’emploi :

Au niveau professionnel maintenant, je n’ai aucun souci et j’adore mon travail actuel.

Conseils aux jeunes sourds:

Il ne faut jamais baisser les bras ! Il faut rester positif et essayer d’obtenir un poste en adéquation avec son handicap même si cela relève d’un parcours de combattant.

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