DSC_9135-ModifierPrénom et nom:

Esmeralda Menis

Âge:

29 ans

Surdité et moyens de communication:

Esmeralda s’exprime en français oral et en langue des signes. Elle porte des appareils auditifs.

Fonction:

Enseignante dans le secteur secondaire

Parcours scolaire:

J’ai fait mes maternelles à l’École Intégrée à Bruxelles. Ensuite, j’ai fait mes primaires dans l’école juste en face de l’École Intégrée : l’École Singelijn. Pour mes études secondaires, je suis allée à l’Institut de l’Assomption de Watermael-Boitsfort. Pour mon bachelier, je suis allée à la Haute École Pédagogique Galilée ( ISPG).

Parcours professionnel:

Depuis 8 ans, enseignante dans le secteur secondaire à l’École Intégrée de Woluwé Saint-Lambert. J’enseigne l’anglais et le néerlandais.

Difficultés rencontrées:

Durant les études:

En primaire, la présence des interprètes était indispensable pour comprendre les cours. Sinon, j’avais une camarade de classe sur laquelle je pouvais compter.

En secondaire, les prises de notes étaient plus difficiles à obtenir. Et ce pour des raisons diverses : mauvaises prises de notes, égoïsme de la part d’élèves souhaitant garder leurs notes pour eux… Du coup, c’était toujours le même ou la même élève qui prêtait ses notes. La conséquence directe de cela était généralement le ras-le-bol de l’élève ou des élèves en question d’être le(s) seul(s) « prêteur(s) de notes ». Les travaux de groupe étaient parfois pénibles car la communication entre la personne sourde et le reste du groupe n’était pas facile (surtout quand l’interprète était absent). C’est généralement à l’adolescence que la différence fait peur.

Pendant mes études supérieures, la grande difficulté restait la prise de notes. C’était toujours problématique mais de manière moins radicale dans mon expérience de vie puisque j’ai réussi à collaborer directement avec les professeurs. Je pouvais également leur demander des syllabi. Mes camarades de classe étaient aussi plus sympas pour me prêter quelques notes.

Sur le marché de l’emploi:

Au niveau professionnel, il faut savoir qu’en tant qu’enseignant, on est assez individualiste dans le travail. On ne fait que très peu de travaux de groupe et de collaboration, à part peut-être pour organiser les jours blancs. Cette situation plus individualiste du travail d’enseignement amène à une moindre sensibilisation vis-à-vis des professionnels sourds.

Lors des conseils de classes, ce sont toujours les mêmes collègues qui interprètent pour moi. Parce qu’ils ont une fille sourde, une cousine sourde ou en tout cas une expérience ou un vécu avec un sourd. Comme ce sont toujours les mêmes qui interprètent, cela peut être assez épuisant pour ces collègues. Dans ce genre de cas, la communication n’est pas au top, même s’ils font le mieux possible. Lorsqu’il y a des réunions, de temps en temps un interprète est présent. Mais globalement, je vis et je travaille quand même dans un environnement « sourd ». Ce qui facilite pas mal la communication entre membres, collègues, parents et élèves.

Conseils aux jeunes sourds:

Être courageux ! Prendre son courage à deux mains en montrant ses capacités, rester motivé et efficace surtout à ses débuts.
Il ne faut pas avoir peur d’expliquer la surdité et ses avantages. On peut aussi montrer les adaptations techniques possibles : comme les chats en ligne pour communiquer entre collègues si la difficulté de la lecture labiale est présente, la vidéoconférence, la possibilité d’interprète lors de réunions, mais également les systèmes d’alarmes ou de sonneries pour les personnes sourdes. Il est aussi important d’expliquer que les sourds accèdent à des métiers bien plus haut placés qu’on ne le pense.

Il ne faut pas non plus avoir peur de devoir répéter 100 fois comment il faut communiquer entre une personne sourde et une personne entendante. Il ne faut pas non plus avoir peur d’adapter la communication autrement avec une personne entendante.
Enfin, il ne faut pas hésiter à porter plainte au Centre Interfédéral pour l’Égalité des Chances (http://www.diversite.be/) pour toute forme de discrimination valable liée à la surdité, par exemple lors d’un entretien d’embauche ou dans le cadre de son travail.

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