Prénom et nom:
Danitza Athanassiadis
Âge:
25 ans
Surdité et moyens de communication:
Danitza est sourde profonde. Elle signe la plupart du temps. Elle parle parfois mais c’est plutôt rare.
Fonction:
Chargée de communication chez Info-Sourds.
Parcours scolaire:
J’ai fait mes primaires à l’École Intégrée.
Pour mes études secondaires, je suis restée pour les premières années à l’École intégrée en enseignement général. A partir de la 4ème année, j’ai étudié l’imprimerie à l’École Intégrée et à l’Institut Don Bosco en intégration. J’étais au milieu de garçons, l’intégration était difficile. De plus, tous les cours n’étaient pas à mon goût. J’avais un tempérament plus artistique. Du coup, pour deux dernières années de secondaire j’ai opté pour une formation en infographie.
De 2011 à 2012, j’ai suivi une formation d’animatrice au CREE.
L’année suivante, j’ai suivi la Formation « Frontrunners ». C’est une formation organisée par des personnes sourdes pour des personnes sourdes. Ça m’a aidé à avoir confiance en moi. Avant, je me sentais mal à l’aise par rapport aux entendants, comme s’ils étaient d’un niveau infiniment supérieur au mien. Maintenant, je me sens égale, à l’aise, je communique en parlant avec les entendants et en signant, sans honte. C’est une formation très variée : infographie, montages, formation aux médias, créations de site web. On y apprend à travailler en équipe, à gérer les conflits.
En 2014, j’ai commencé une formation en comptabilité mais que j’ai vite abandonné
Parcours professionnel:
En juillet 2009, j’ai travaillé aux Assurances Generali. J’avais un bon contact avec les entendants. Mon but était clairement de me faire une expérience avec les personnes entendantes.
Depuis le 15 juin 2015, je travaille comme chargée de communication et des médias chez Info-Sourds. Je fais des montages, des vidéos. Je m’occupe également des médias et de la diffusion.
Difficultés rencontrées:
Durant les études:
A l’école ça s’est bien passé pour moi, mais le problème est toujours d’obtenir suffisamment d’interprètes en langue des signes. Il n’y a pas assez d’interprètes. Autre problème, si je veux suivre une formation, je suis bloquée parce qu’il faut des interprètes.
Sur le marché de l’emploi:
Au niveau professionnel, on hésite souvent à engager des sourds. Il y a toujours des « bonnes excuses ». J’ai cherché du travail pendant quatre ans ! J’ai envoyé des emails, des CV… Il y avait des personnes intéressées, mais il y avait toujours un « mais »… Ma surdité ! Je n’ai jamais eu un seul entretien d’embauche de 2010 à 2015. Parfois, j’inscrivais sur mon CV que j’étais sourde, parfois que j’étais malentendante, et parfois je n’inscrivais rien du tout. Fallait-il que je mette en avant mon identité de personne sourde ou pas ? Fallait-il rassurer les employeurs avant ou pas ? C’était difficile, je me sentais perdue.
Une autre difficulté liée aux interprètes concerne cette fois l’entretien d’embauche. Comment passer un entretien d’embauche et rassurer l’employeur sur mes capacités à travailler sans interpète ? Du coup, j’ai souvent laissé tomber des entretiens d’embauche quand il n’y avait pas d’interprète disponible. Et il n’y en a presque jamais.
Conseils aux jeunes sourds:
- Ne pas mettre que vous êtes sourd sur votre CV.
- Quand vous postulez, prévenez les interprètes fort à l’avance même si vous n’avez pas encore d’entretien d’embauche avec l’employeur contacté. Pourquoi ? Pour demander à différents interprètes leurs disponibilités éventuelles et les bloquer. Ensuite, vous pourrez proposer ces disponibilités à l’employeur.
- Parler avec d’autres sourds de votre parcours pour vous informer auprès d’eux.
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